Pascal Boulanger

Pascal Boulanger

Pascal Boulanger, né en 1957, a été bibliothécaire en banlieue parisienne de 1980 à 2018. Il vit aujourd’hui dans un village de Bretagne, près de Combourg. Poète et critique littéraire, il a été nommé chevalier des Arts et des Lettres en 2023. Il a participé à de nombreuses revues, notamment Action poétique, Arpa, Artpress, Les Cahiers Tinbad, La Polygraphe, Recours au poème… Parmi ses derniers livres – poésie et carnets - : Mourir ne me suffit pas, Éditions de Corlevour, Trame, anthologie 1991-2018 suivi de L’amour là, Tinbad, Jusqu’à présent je suis en chemin, Tituli, L’intime dense, Éditions du Cygne, Si la poésie doit tout dire, Éditions du Cygne, En bleu adorable, Tinbad et L’amour malgré, avec des peintures de Nora Boulanger-Hirsch, Voix d’encre. L’écart est le quatrième volume de ses carnets.

Dans la mesure du possible, j’échappe aux liens bavards et buvards. Je préfère les arbres des forêts aux bruits des villes, ils me rendent invisible. Les oiseaux sont peu loquaces, ils se contentent de ponctuer le ciel. J’écoute frémir et parfois aboyer les vagues qui cognent contre les brise-lames… Pourquoi parler, en effet, quand déjà tout parle en parole parlante ? La parole parlée est sortie de l’imaginaire, elle est affaire de gestion et de communication, elle ment par conséquent. Sa société avale avec boulimie les mots qui font du bruit. Le règne de la quantité de paroles c’est le présent éternel du spectacle, la mort programmée et bien souvent encouragée.

On a oublié que toutes nos passions ne pouvaient qu’être sensuelles, elles devraient occuper la place d’exception. Elles font entendre le silence et veillent sur les secrets. Si le désir sépare, il faut maintenir l’écart pour que la parole, qui elle-même est écart, se donne à entendre. À défaut de symboliser – pour rendre supportable l’absence – l’addiction à la transparence par inflation de communication, nie la chaîne du Temps et ses nécessaires balises.

Notre époque ne construit rien, elle déconstruit la parole qui devient une parole sans parole, une parole sans conscience de soi. À l’inverse, la poésie est comme la mer : l’habitation et la narration sans fin d’un silence qui n’est pas le silence.


Parution : 2 juin 2025 


Commander


                                                                         Communiqué de presse