Éditions Douro "Par la lecture, on s'absente de soi-même et de sa propre vie." Alphonse Karr
Mangeant une étoile du ciel
Christian Limousin est avec moi aux pieds de la tombe de Georges Bataille. Vézelay. Je lui fais remarquer que Bataille est mort un 9 juillet, jour anniversaire de ma naissance. Anecdote. Sur la dalle de ciment nu est dessiné un œil ouvert, vide, sans pupille. Le ciment est entaillé, mordu, usé jusqu’à rendre invisible le nom de l’auteur des Mangeurs d’étoiles. Visible. Invisible. Pascal : « Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux. » Limousin : « La peinture n’est pas une imitation, d’autant qu’elle ne relève pas de la visibilité. Peindre c’est faire retour à une réalité invisible. » Et l’écrire !
C’est le projet fol que Christian entreprend : Manger le ciel de la peinture ! Et y monter (au bleu du ciel) avec tous les peintres qu’il aime ! Avant de mourir, il me fait promettre de rendre visible cet amour qu’il porte à l’invisible jusqu’à se confondre en lui et se perdre dans la profondeur éblouissante des cieux. Et des lettres. Promesse tenue !